Comment les DSI peuvent structurer un schéma directeur performant et aligné sur les enjeux de transformation du secteur santé
Elena accompagne les DSI sur des projets de transformation, de gouvernance et de réorganisation.

Alors que les hôpitaux français sont engagés dans des trajectoires complexes de transformation - convergence des SI, réforme des parcours de soins, exigences réglementaires accrues - la structuration d’un Schéma Directeur des Systèmes d’Information (SDSI) n’est plus un luxe, mais une nécessité.
Trop souvent perçu comme un exercice formel, voire bureaucratique, le SDSI hospitalier peut au contraire devenir un véritable levier stratégique, à condition d’être :
Dans cet article, Kheops Conseil vous présente les 7 bonnes pratiques éprouvées pour réussir son SDSI hospitalier, en combinant méthodologie, agilité et alignement stratégique.
SDSI (Schéma Directeur des Systèmes d’Information) : document stratégique pluriannuel définissant la vision, les priorités et les moyens pour développer, sécuriser et faire évoluer le système d'information d’un établissement.
GHT (Groupement Hospitalier de Territoire) : dispositif visant à organiser la coopération entre établissements de santé autour d’un projet médical partagé, incluant la convergence des SI.
Interopérabilité : capacité des systèmes informatiques à communiquer entre eux, partager des données et fonctionner ensemble de manière fluide.
DPI (Dossier Patient Informatisé) : outil central du système d'information hospitalier, le DPI regroupe l’ensemble des informations médicales, administratives et soignantes d’un patient. Il permet le suivi coordonné des soins, la traçabilité des actes, le partage sécurisé des données entre professionnels autorisés, et constitue une brique essentielle de la qualité et de la continuité des prises en charge.
Dans un environnement hospitalier marqué par l’urgence permanente, la pression budgétaire, les contraintes réglementaires croissantes (cybersécurité, RGPD, certification…), et la mobilité des professionnels de santé, le Système Directeur des Systèmes d’Information (SDSI) est un levier stratégique majeur.
Il permet notamment de :
Le SDSI devient ainsi un outil de gouvernance médico-numérique, à la fois décisionnel, opérationnel et managérial, permettant à l’hôpital de maîtriser son évolution numérique dans un contexte en transformation permanente.

Un SDSI qui ne parle qu’à la DSI est un SDSI mort-né. La réussite d’un Schéma Directeur SI hospitalier ne repose pas uniquement sur la qualité de l’analyse technique ou des arbitrages budgétaires. Elle dépend, en amont, de la capacité de la DSI à embarquer l’ensemble des acteurs de l’établissement, dès la phase de conception :
Cette approche assure la pertinence des priorités, l’identification des vrais besoins terrain et l’adhésion au déploiement futur.
Dans un hôpital, les usages numériques sont profondément métier-dépendants. Les médecins, cadres de santé, secrétaires, manipulateurs radio ou pharmaciens n’ont pas les mêmes contraintes, ni les mêmes attentes vis-à-vis du SI. Or, beaucoup de SDSI échouent parce qu’ils sont :
Résultat : déconnexion du terrain, rejet implicite des orientations, projets qui stagnent.
Un SDSI réussi est un SDSI co-produit. Cela implique de mettre en place une démarche participative structurée, avec :
Ce processus permet de recueillir les irritants, les besoins non exprimés, les attentes de transformation, tout en créant une dynamique d’appropriation.
Kheops Conseil recommande de s’appuyer sur des techniques issues du design thinking et du modèle TOGAF® pour formaliser la vision cible :
À FAIRE EN PRATIQUE : intégrer les chefs de pôle et référents métiers dans la rédaction des fiches « usages SI prioritaires » du SDSI, avec des cas d’usage concrets.
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Tout bon schéma directeur commence par une analyse critique de l’existant :
Un SDSI n’est pas une projection théorique, ni une simple déclaration d’intention : il doit s’appuyer sur une compréhension lucide, partagée et objectivée de l’état actuel du système d'information. Cette photographie de l’existant, si elle est bien menée, constitue la fondation du schéma directeur. Mal conduite, elle produit l’effet inverse : orientations hors-sol, cibles inatteignables, investissements mal priorisés.
Il s’agit non seulement de dresser un inventaire, mais d’en tirer une lecture stratégique : quels sont les points de friction majeurs ? Quelles sont les solutions critiques sans gouvernance ? Quelles actions à fort impact immédiat ?
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Dans le monde hospitalier, les systèmes d’information sont souvent le fruit :
Sans une analyse critique, ces réalités restent invisibles à la gouvernance et minent toute tentative de convergence ou d’optimisation. L’évaluation de l’existant permet de :
Voici les 5 dimensions clés que Kheops Conseil vous recommande d’auditer :
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Les livrables à intégrer dans votre SDSI :
À NOTER : une évaluation sérieuse du SI existant ne saurait négliger la gouvernance des droits d'accès aux données sensibles, notamment celles du Dossier Patient Informatisé (DPI).
Comme le rappelle la jurisprudence récente et les recommandations des autorités sanitaires, l’appartenance à une équipe de soins ne justifie pas un accès illimité à toutes les données. Seul le principe de nécessité fonde un droit d’accès. Cela impose à la DSI et aux directions médicales de :
Cette réflexion doit être intégrée dès l’évaluation initiale du SI, puis traduite en objectifs dans le SDSI.
La qualité d’un SDSI ne se mesure pas à la longueur de sa liste de projets, mais à sa capacité à faire les bons choix au bon moment, en alignant enjeux métiers, impact stratégique, faisabilité terrain et capacités réelles de déploiement.
Dans un environnement hospitalier contraint par les ressources humaines, le temps médical, les appels à projet complexes et la fatigue organisationnelle post-COVID, savoir prioriser est un acte stratégique, pas une option.
Il est essentiel d’objectiver les arbitrages et de prioriser selon deux critères majeurs :
Une approche par quick-wins (résultats rapides à faible effort) combinée à des projets structurants à moyen terme permet de maintenir la dynamique et de démontrer la valeur du SDSI.
BONNE PRATIQUE : utiliser une matrice impact métier / faisabilité avec cotation participative pour hiérarchiser vos chantiers.
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La tentation naturelle, lors de l’élaboration d’un SDSI, est d’inclure tous les projets possibles pour satisfaire l’ensemble des parties prenantes. Résultat :
Un SDSI intelligent ne dit pas « tout est prioritaire ». Il dit « voici ce qui a de la valeur pour l’établissement, ce que nous sommes capables de transformer, et dans quel ordre. »
Kheops Conseil recommande de fonder la priorisation sur trois dimensions essentielles :
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Kheops Conseil utilise plusieurs outils de priorisation selon les contextes :
Ce scoring peut être partagé avec un comité de pilotage pour coconstruire la feuille de route.
Le DSI n’est pas celui qui « impose » les priorités. Il est celui qui :
En ce sens, la priorisation est aussi un acte de gouvernance. Elle fonde la crédibilité du SDSI dans la durée.
La création des Groupements Hospitaliers de Territoire(GHT) en 2016 a profondément modifié les dynamiques numériques dans le secteur hospitalier. Aujourd’hui, les SDSI ne peuvent plus être pensés en silo.Il faut les aligner avec la trajectoire territoriale, sous peine d’isolement ou d’incohérence. Cela signifie :
Cette convergence s’impose comme un cadre collectif, mais elle peut aussi devenir un levier d’innovation et de structuration si elle est anticipée intelligemment.
POINT D'ATTENTION : préserver la capacité d’innovation locale tout en respectant les exigences de convergence.
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L’objectif politique du GHT est clair : garantir un accès équitable à une offre de soins cohérente sur un territoire, via un projet médical partagé. Cela implique nécessairement une harmonisation des systèmes d’information, pour :
Mais en pratique, cette convergence soulève plusieurs tensions :
Le SDSI local doit donc naviguer entre deux exigences :
Voici les 5 leviers d’articulation recommandés par Kheops Conseil :
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Au-delà de la convergence GHT, les établissements doivent désormais envisager une ouverture progressive de leurs SI à l’échelle européenne.
Avec l’avènement de l’Espace Européen des Données de Santé (EHDS), les établissements hospitaliers devront, à moyen terme, avoir la capacité de :
Le SDSI doit donc intégrer, dès aujourd’hui, un axe de veille stratégique et d’adaptabilité aux normes européennes.
Cela passe notamment par :
Kheops Conseil propose des ateliers de projection stratégique pour anticiper ces mutations réglementaires à fort impact.
Dans ce contexte, le DSI ne doit pas adopter une posture de résistance ni de soumission. Il devient un :
Kheops Conseil accompagne les DSI hospitaliers dans cette transformation de posture, en leur fournissant : des outils de dialogue stratégique (scénarios, comparatifs, matrices de valeur) ; un soutien à la négociation en GHT ; une assistance à la rédaction de SDSI alignés et défendables.
Concevoir un SDSI sans prévoir de stratégie d’appropriation, c’est comme inaugurer un nouveau bloc opératoire sans former les chirurgiens : l’outil est là, mais l’usage est absent.
La technique ne suffit pas : l’adoption est la clé. Le SDSI doit donc intégrer une stratégie de conduite du changement dès les premières étapes :
La conduite du changement n’est pas une action isolée en fin de projet ; c’est une dynamique continue, qui commence dès la réflexion stratégique. Dans le contexte hospitalier - marqué par la pression des soins, la diversité des profils utilisateurs et une fatigue organisationnelle réelle - cette intégration est non seulement utile, mais indispensable.
ASTUCE : mettre en place un réseau de correspondants SI dans chaque service pour relayer les projets et rassurer les équipes.
Contrairement à une entreprise privée, un hôpital est :
Sans conduite du changement :
Un bon SDSI anticipe ces écueils en intégrant un plan d’appropriation dès sa conception.
Kheops Conseil recommande de structurer cette stratégie autour de 4 piliers essentiels :
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Un SDSI qui intègre la conduite du changement de façon crédible contient :
La DSI n’est plus simplement un intégrateur de solutions. Elle devient :
Ce changement de posture est au cœur des missions de Kheops Conseil : remettre l’humain et les usages au centre du numérique hospitalier.
Un SDSI hospitalier bien conçu est inutile sans un pilotage dynamique. Trop souvent, le document stratégique est produit, validé…puis rangé dans un tiroir. Au mieux, on en ressort une version tous les deux ans pour dire « où on en est ». Au pire, il devient une coquille vide.
Pour éviter cela, le SDSI doit être outillé, suivi, animé : c’est un levier de gouvernance au quotidien, pas un simple plan figé. Il doit vivre au rythme des réalisations, des ajustements, des retours utilisateurs. Cela nécessite :
RECOMMANDATION KHEOPS CONSEIL : mettez en place un tableau de bord digital partagé en ligne avec les directions concernées.
Le système hospitalier est instable par nature :
Dans ce contexte, une trajectoire SI ne peut tenir uniquement sur une planification linéaire. Il faut pouvoir :
Un SDSI agile permet à la DSI de ne pas subir, mais de piloter activement les transformations.
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Dans ce modèle, le DSI devient :
Ce changement de posture est central dans l’approche de Kheops Conseil : un SDSI, ce n’est pas une liste de projets, c’est la boussole du numérique : levier de gouvernance active.
Un SDSI ne vaut pas seulement par ce qu’il promet, mais par ce qu’il transforme. Or, dans le quotidien intense d’un établissement hospitalier, les bénéfices des projets numériques sont rarement visibles… et encore plus rarement valorisés.
Trop souvent, les efforts fournis par la DSI sont invisibles, ou bien perçus uniquement à travers les incidents, les retards ou les frustrations. Pour renverser cette dynamique, le SDSI doit intégrer une logique proactive de valorisation de ses résultats.
Pour maintenir la mobilisation, il est donc crucial de communiquer sur les résultats :
ASTUCE : produire chaque année une infographie « le numérique en chiffres » à diffuser en interne.
« Ce qui n’est pas visible n’existe pas. »
« Ce qui n’est pas compris ne peut pas être soutenu. »
« Ce qui n’est pas raconté ne peut pas créer d’adhésion. »
La valorisation du SDSI permet :
1. Les réalisations concrètes
2. L'impact métier
3. La dynamique collective
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La valorisation de l’impact du SDSI repositionne le DSI :
Chez Kheops Conseil, nous accompagnons les DSI à structurer cette nouvelle posture : identification des indicateurs à suivre, conception de bilans visuels ou interactifs, storytelling institutionnel pour crédibiliser la fonction SI.
Le SDSI ne doit pas seulement répondre aux enjeux d’aujourd’hui : il doit anticiper les mutations profondes qui redéfiniront le fonctionnement hospitalier dans les cinq à dix prochaines années.
Plusieurs signaux faibles, déjà visibles sur le terrain, convergent vers une transformation de fond du numérique hospitalier.
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Au-delà des cas d’usage d’IA déjà identifiés, les récentes publications de la Haute Autorité de Santé (fin octobre 2025) rappellent qu’une approche responsable est indispensable face à l’essor de l’IA générative en santé.
Le référentiel A.V.E.C. (Apprendre, Vérifier, Estimer, Communiquer) propose un cadre opérationnel clair pour accompagner les établissements :
Le SDSI hospitalier à l’horizon 2030 doit donc intégrer ce cadre dans sa gouvernance, comme point d’appui pour toute initiative impliquant l’IA. Il s’agit moins d’interdire ou de tout expérimenter, que de créer les conditions d’un usage maîtrisé, documenté et éthique, dans le respect des missions du service public hospitalier.
Le SDSI hospitalier doit aussi s’ouvrir aux dynamiques nationales d’innovation en santé, qui imposent de repenser son périmètre et ses capacités d’intégration.
Des initiatives comme Horizon Santé 360, portée par la DNS, préfigurent une approche centrée sur le parcours patient, interopérable, territoriale et pilotée par les usages.
Parallèlement, l’Appel à Manifestation d’Intérêt sur les Dispositifs Médicaux Numériques (DMN) engage les établissements à anticiper l’intégration de solutions numériques externes dans les parcours de soins : télésurveillance, dispositifs connectés, applications de suivi…
Pour s’y préparer, le SDSI doit :
Le SDSI devient alors un outil d’accueil maîtrisé de l’innovation ouverte, garantissant que chaque projet numérique, même exogène, s’inscrit dans une trajectoire cohérente, sécurisée et pilotée.
La réussite d’un SDSI hospitalier repose sur trois piliers structurants, qui conditionnent sa crédibilité, son appropriation et sa mise en œuvre effective :
Les principaux écueils rencontrés :
Dans un hôpital, le numérique n’est ni une fin, ni un gadget, ni une variable technique parmi d’autres. Il est aujourd’hui un levier de performance clinique, organisationnelle et humaine.
Réussir un SDSI hospitalier, ce n’est pas simplement rédiger un document conforme aux attentes institutionnelles. C’est :
Un SDSI bien conçu devient alors un outil de dialogue, de décision, et de pilotage pour la DSI, la direction générale et les services. Il contribue à faire du numérique un facilitateur de soins, un accélérateur d’innovation, et un facteur de confiance entre les métiers, les patients et l’organisation.
Kheops Conseil accompagne les DSI hospitalières et les directions d’établissement dans toutes les étapes de cette trajectoire :
Notre approche est fondée sur trois piliers :
Vous envisagez d’élaborer ou de refondre votre SDSI hospitalier ?
Vous cherchez un partenaire pour aligner votre feuille de route SI avec votre projet médical ou territorial ?
Vous voulez professionnaliser la gouvernance numérique de votre établissement ?
Chez Kheops Conseil, nous faisons du SDSI un outil de transformation au service des soignants, des usagers et des territoires.
Chaque édition aborde un sujet précis : pilotage de la DSI, urbanisation, portefeuille projets, modèles opérationnels, rôle du DSI…